Forum Humanitaire Mondial

Première réunion annuelle 2008: le visage humain du changement climatique
Sir Robert Branson, Chairman of Virgin Group, speaking at First Global Humanitarian Forum, Photo V. Krebs
Sir Robert Branson, Chairman of Virgin Group, speaking at First Global Humanitarian Forum, Photo V. Krebs
Irene Amodei and Catherine Matovu, traduction française Ylana Sttret, traducción española Ana Beltran
22 juillet 2008

La réunion annuelle du Forum Humanitaire Mondial, qui a eu lieu à Genève les 25 et 26 juin 2008, a été une excellente occasion pour ICVolontaires de présenter son expérience en matière d'organisation de conférences internationales. L'assemblée a également permis de collaborer avec un partenaire prestigieux sur un sujet aussi capital que le changement climatique. GHF est présidé par S.E. M. Kofi Annan et la première réunion annuelle a permis de réunion une série d'invités prestigieux.

ICVolontaires a non seulement fourni un coordonnateur pour les services de conférences ainsi qu'un assistant de projet, mais a également mobilisé un grand nombre de volontaires enthousiastes chargés d'assurer le bon déroulement de la conférence. "Les services qu'ils ont fourni, à savoir l'accueil et l'inscription des participants, la vérification des badges, l'impression et la gestion de documents relatifs à la conférence, l'élaboration de rapports et l'interprétation, ont été d'une importance capitale au cadre général de la conférence", tels étaient les propos de Walter Fust, directeur général du Forum, lors des remerciements.

Ci-dessous, un rapport rédigé par les reporters d'ICV à l'occasion d'un débat sur la justice face au climat.

Justice face au climat dans une écosphère commune

Les effets néfastes du changement climatique continuent de marquer les esprits. Plus que jamais, les populations à travers le monde, en particulier celles des pays en développement, subissent les conséquences du réchauffement de la planète, payant ainsi pour les agissements et les choix des véritables pollueurs. Mme Mary Robinson, Présidente de l'ONG Realizing Rights et modératrice de la session, a abordé le thème capital de la justice et de l'équité face au climat, "dont l'importance", a-t-elle fait remarquer, "doit être reconnue de toute urgence à la fois dans le cadre du débat politique et des mouvements à base sociale".

Le droit de protéger notre environnement est-il un droit fondamental de l'homme? Oui. Du moins, d'après M. Maumoon Abdul Gayoom, Président des Maldives, qui - comme l'a rappelé Mme Robinson - a récemment présenté un projet de résolution auprès du Conseil des Droits de l'Homme. Le projet propose d'introduire un nouveau droit universel qui serait le droit à un environnement sûr et durable. Au cours du débat, le Président Gayoom a attiré l'attention des participants sur la vulnérabilité particulière des petits États insulaires tels que les Maldives, où le territoire a été réduit aux deux tiers en raison de l'élévation du niveau de mer et l'érosion des terres. "C'est une catastrophe d'ampleur inimaginable", a-t-il déclaré, avant de faire remarquer que les pays comme les Maldives participent peu au réchauffement de la planète et sont pourtant les premières victimes de ses conséquences. Le Président Gaymoom a proposé qu'une approche fondée sur les droits pourrait être la voie vers une résolution juste et équitable du problème. "Nous voulons retrouver nos terres. J'ai tenté d'alerter l'Assemblée générale des Nations Unies sur les effets du changement climatique au cours des vingt dernières années. Pourquoi le monde n'a-t-il pas pris des mesures pour remédier à cette situation?".

Le Président a soutenu que le principal défaut de la diplomatie du changement climatique résidait dans le fait qu'elle s'était presque exclusivement concentrée sur les aspects scientifiques des causes et des effets. "Le changement climatique a été trop souvent perçu comme une projection scientifique. Le consensus scientifique sur le changement climatique a été aussi important que difficile à obtenir. La communauté internationale n'a pourtant pas réussi à le traduire en un projet tout aussi convaincant la manière dont les conséquences du réchauffement de la planète sont ressentis par les personnes et les communautés à travers le monde". En d'autres termes, le monde n'a pas réussi à humaniser le changement climatique.

Les plus pauvres sont les premiers à subir les conséquences de la dégradation de l'environnement à l'échelle planétaire. Selon Yvo de Boer, Secrétaire Exécutif de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), les glaciers de l'Himalaya fondent rapidement et bientôt, les populations vivant dans cette région n'auront plus d'eau potable. En outre, d'ici à 2020, entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique devraient être exposées à une augmentation des pénuries d'eau causées par le changement climatique. Il est urgent de parvenir à un accord mondial. "Le changement climatique est un problème environnemental dont la solution est d'ordre économique", a déclaré M. Boer. Les chefs d'États doivent être tenus pour responsables des conséquences du changement climatique, et il est nécessaire d'obtenir un engagement mondial visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre ainsi que de importantes mesures d'adaptation.

Sollicité à son tour sur la question de la justice face au climat, Ricardo Lagos, Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour le changement climatique et ancien président du Chili, a déclaré que "même s'il existe un grand responsable, nous sommes tous fautifs et devons faire des efforts". Il a souligné la nécessité d'une collaboration entre pays en développement et pays développés. Bien que la distinction entre ces deux groupes et leurs responsabilités respectives soit indéniable, une approche commune est cependant indispensable pour prévenir les dommages causés par le réchauffement de la planète. "Les pays en développement et les nouveaux pays émergents ne doivent pas reproduire les erreurs commises par les pays développés", a soutenu M. Lagos. Il a également recommandé une augmentation des investissements dans le développement de nouvelles technologies, a souligné la nécessité d'une intervention multifactorielle et a fortement encouragé la création d'un nouveau paradigme, celui d'un "développement juste et durable".

La technologie continue de jouer un rôle important dans le développement mondial. Mais suffit-elle à surmonter les effets du changement climatique? Sir Robert Branson, directeur du Virgin Group, déclare que les scientifiques et les ingénieurs doivent travailler ensemble afin de trouver des solutions telles que la manière d'extraire le dioxyde de carbone de l'atmosphère. Dans le même temps, en qualité de propriétaire d'une compagnie aérienne, M. Branson a ajouté que les industries en général doivent payer pour la pollution qu'elles produisent et devraient être taxées. A ce sujet, M. De Boer a fait observer que "les taxes ne sont qu'une partie de la solution", et que les systèmes et règles d'échange doivent aussi être pris en compte.

La question du manque de volonté et d'initiatives de la part des politiques a été soulevée de nombreuses fois au cours du débat qui a suivi les différentes présentations. L'assemblée a posé la question suivante: "Qui dans le monde est responsable?". Réponse de M. Lagos: "Personne. Ne cherchez pas à désigner des personnes en particulier. Nous sommes tous responsables". En outre, comme l'a souligné M. Jeffrey Sachs, Directeur du Earth Institute de l'Université de Columbia, la responsabilité mondiale correspond parfaitement  à l'ampleur mondiale du problème du changement climatique. Il a conclu: " La question du réchauffement climatique est d'ordre mondial et n'affecte pas seulement les pauvres. Il est important de ne pas limiter notre point de vue aux personnes pauvres, car il est question de l'humanité dans son intégralité".

©1998-2024 ICVolunteers|conception + programmation mcart group|Mis à jour: 2019-01-28 10:52 GMT|Notre politique|