Casque et micro...Un portrait des interprètes bénévoles 16 août 2005 Dans l'éventail de ses services, l'Association ICVolontaires propose des interprètes bénévoles. Il s'agit de personnes polyglottes non diplômées, d'étudiants en interprétariat ou de jeunes professionnels qui souhaitent acquérir plus d'exprience. Comme c'est le cas pour toutes les prestations d'ICVolontaires, ce service s'adresse exclusivement aux organisateurs de conférences et manifestations à but non lucratif, visant généralement un objectif social ou humanitaire. Les interprètes d'ICVolontaires aident aussi bien dans des salles équipées de cabines que dans des salles sans cabines. Dans ce dernier cas, la méthode du chuchotage est souvent utilisée. ICVolontaires s'efforce en toute bonne foi de travailler en accord avec le Code d'éthique professionnelle de l'AIIC (Association Internationale des Interprètes de Conférences). Viola Krebs, vous proposez ce service avec l'aide de bénévoles. N'est-ce pas de la concurrence pour des gens qui vivent de l'interprétation? Viola Krebs, Directrice d'ICVolontaires: Non, je ne pense pas. Il est important de souligner qu'ICVolontaires travaille exclusivement avec des conférences à but non-lucratif. Certaines conférences sociales et humanitaires disposent de budgets extrêmement limités, ce qui ne leur permet tout simplement pas d'assurer un service d'interprétation. Or, certains délégués ont absolument besoin d'un tel service pour pouvoir activement suivre les débats. Ce sont ce type d'événements que nous assistons. Nous ne représentons donc pas une compétition, car nous offrons un service complémentaire et non pas concurrentiel. D'autre part, pour les étudiants en interprétation et pour des personnes qui souhaitent acquérir de l'expérience dans ce domaine, c'est un excellent exercice. Enfin, dans le cas d'un projet tel que le Survivors Network of Landmines, les interprètes ont à la fois un rôle social d'encadrement de victimes de mines antipersonnel et un rôle de pont linguistique. Tout le monde y gagne. Claire, vous avez fait du bénévolat avec ICVolontaires à plusieurs reprises. Pourquoi? Claire (25), diplômée en traduction, étudiante en interprétation à l'Ecole de traduction et d'interprétation de Genève (ETI): Ces exercices pratiques me permettent de voir, sur le terrain, à quoi correspond le métier que je suis en train d'apprendre. A travers mon bénévolat je donne quelque chose, mais je reçois aussi énormément. Bien évidemment les contacts avec des participants venus du monde entier, aussi bien qu'avec d'autres bénévoles, sont également enrichissants. A quels projets avez-vous participé? Claire: Lors de mes études de traduction, j'ai commencé mon activité bénévole par des relectures et des traductions de textes destinés au bulletin d'information et au site d'ICV. Par la suite, j'ai travaillé comme interprète bénévole lors la préparation du Forum Mondial de la Société Civile (2001), puis cette année lors du Forum lui-même. A quoi faut-il penser lors du recrutement des volontaires? Claire: Il est important de prévoir suffisamment d'interprètes pour qu'ils puissent se relayer. Normalement c'est une demi-heure d'affilée, c'est-à -dire deux interprètes qui travaillent à partir de et vers la même langue. Cela est même le cas pour du chuchotage lors de séances relativement informelles. Il faut aussi pouvoir disposer suffisamment tôt des documents relatifs aux conférences. Si nous devons nous référer à des sites Internet, cela peut être pénible, car ceux-ci contiennent souvent trop d'informations. En outre, s'il faut tout imprimer, cela représente un coût difficilement supportable pour les étudiants que nous sommes, car les cartouches s'épuisent vite et ne sont pas gratuites. Ces conditions idéales ne peuvent certes pas toujours être réunies dans la pratique, même professionnelle, mais il faut s'efforcer de s'en approcher le plus possible. Mary, vous êtes interprète diplômée. Pour quelles raisons participez-vous comme bénévole? Mary: Bien que diplômée, j'ai très peu pratiqué le métier d'interprète ces dernières années. Je ressens donc le besoin de pratiquer davantage avant de pouvoir me réinsérer dans la profession de façon rémunérée. C'est une excellente manière d'acquérir de l'expérience. Isabelle, vous êtes une traductrice diplômée. Pourquoi participez-vous comme volontaire? Isabelle (29): J'aime beaucoup l'interprétation, et souhaite la pratiquer de cette manière. Pour moi, c'est une façon moins menaçante d'améliorer mes compétences. Si j'étais rémunérée, je me dirais que ma prestation doit être impeccable. En tant que bénévole, je peux donner de mon mieux, mais avec l'assurance que les organisateurs sont plus indulgents à mon égard. Jean-Claude, vous avez survécu à une mine antipersonnel. Pourquoi êtes-vous aujourd'hui à l'ONU? Jean-Claude, victime d'une mine antipersonnel et participant à la formation pour les victimes: Un dimanche, à la fin des années 70, je voulais aller acheter des stylos dans un magasin de mon village au Sénégal. En sortant de la boutique, j'ai marché sur une mine antipersonnel qui m'a arraché la jambe et m'a blessé à un oeil. Après de longues semaines d'hôpital et de convalescence, j'ai fondé l'Association Sénégalaise des Victimes de Mines Antipersonnel que je préside actuellement. Elle se concentre tout particulièrement sur les problèmes d'éducation des victimes de mines. Nous avons aujourd'hui plusieurs jeunes qui ont réussi à s'intégrer dans le circuit scolaire supérieur, ce qui est une grande satisfaction pour moi. C'est par le biais de ce travail que j'ai commencé à collaborer avec Handicap International et peux aujourd'hui bénéficier de cette formation pour survivants de mines organisée à Genève par le « Landmine Survivors Network ». Dans mon pays, les personnes handicapées sont souvent très mal représentées et leurs intérêts ne sont pas défendus comme ils devraient l'être. Dans les bâtiments publics, par exemple, il n'y a pas d'installations pour handicapés. Dans le cadre de cette formation, j'ai appris à négocier avec mon gouvernement afin d'améliorer les conditions des survivants de mines et des handicapés en général. Quel est pour vous le rôle des interprètes bénévoles qui travaillent avec vous? Je ne parle pas bien l'anglais, qui est la langue dominante à l'ONU. Il est donc important pour moi de bénéficier d'un encadrement linguistique. Grâce aux volontaires, je suis en mesure de participer activement aux débats. Les bénévoles sont à notre écoute et c'est un soutien précieux qui facilite notre travail. C'est dans cet esprit que l'Association ICVolontaires s'efforce de mettre en contact des interprètes bénévoles et des personnes nécessitant une assistance linguistique pour accomplir leur travail pour un monde meilleur. Glossaire
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Publié: 2009-12-09 Mis à jour: 2009-12-10 |